30/05/2013

L’hospitalité marocaine, classée 3ème sur 140 pays

Source : LE MATIN  publié le 2 Mai 2013 - Lamiaâ Khalloufi
Le Maroc est un pays accueillant. C’est ce que révèle la récente étude du Word Economic Forum qui a récemment publié un classement mesurant la qualité d’accueil, où le Royaume fait partie du trio de tête.


Selon l’enquête de la Fondation World Economic Forum (WEF), mesurant la qualité de l’accueil réservé aux touristes étrangers, le Maroc est classé troisième, après l’Islande et la Nouvelle-Zélande. Sur les 140 pays sondés, seule une vingtaine dont le Maroc obtiennent la mention «très bon accueil». Le Maroc est le seul pays maghrébin et également arabe à se classer parmi les dix premiers. Concernant les pays les moins bien classés, on retrouve, entre autres, la Bolivie, le Venezuela et la Russie, car ils sont considérés par le WEF comme étant les pays qui accueillent le moins bien les touristes étrangers. Ce classement repose sur des enquêtes réalisées à travers le monde de 2011 à 2012 et révèle que le Maroc accueille «très bien» ses touristes étrangers. En fait, les critères ayant permis aux experts du WEF d’aboutir à cette conclusion sont, par exemple, la compétitivité économique de ces pays en matière de transports, de tourisme et la qualité des politiques publiques dans ces deux secteurs. De plus, l’enquête prend également en compte d’autres éléments comme la qualité de l’air et le degré de pollution des cours d’eau ou la prévalence du virus du Sida dans chaque pays… Par ailleurs, l’attitude adoptée par la population envers ses touristes est un des critères majeurs. 
D’autre part, il faut noter que ce rapport du WEF est basé sur un indice qui utilise un ensemble de données provenant de chercheurs dans le domaine du voyage, du tourisme, d’organisations internationales comme l’Organisation mondiale du tourisme, des compagnies aériennes et d’associations internationales du transport aérien.
Cette initiative du WEF a pour objectif de mesurer à quel point les nations et leurs sociétés sont ouvertes au tourisme étranger. D’ailleurs, ce rapport permet d’établir tous les deux ans une comparaison entre les 140 pays. Selon les spécialistes, il s’agit d’un outil stratégique global pour mesurer les facteurs et les politiques permettant de développer le secteur des voyages, car il permet de fournir des évaluations détaillées sur la compétitivité de ce secteur dans différents pays à travers le monde.

Question à : Mohssine Benzakour, psychosociologue

«L’hospitalité est une qualité sociale avant d’être une qualité individuelle»

L’hospitalité est-elle le propre du Marocain ?
L’hospitalité est universelle. Acte gratuit, répondant à un manque, pouvant être qualifié d’habitude familiale ou de besoin d’être entouré : l’hospitalité puise à de nombreuses sources. Quand elle déborde la simple convention, elle relève de la générosité, de l’ouverture aux autres, du don et de la solidarité. L’hospitalité est une qualité sociale avant d’être une qualité individuelle.
La pratique de l’hospitalité nous renseigne avant tout sur notre rapport à l’autre, à l’étranger, à la personne vulnérable. Il s’agit ici de différencier l’hospitalité, en tant que concept, de l’hospitalité en tant qu’activité. Dans le premier cas, l’hospitalité est considérée comme une manière de vivre ensemble, régie par des règles, des rites et des lois. C’est une relation interpersonnelle spécifique qui met en scène l’accueil de l’étranger. Dans le second cas, l’hospitalité est entendue comme un large secteur d’activités dont la vocation est d’accueillir des publics (tourisme et loisir, santé, formation, distribution, etc.) qu’elles soient privées ou publiques et dont la particularité commune est de recevoir du public et de lui faire vivre une expérience irrésistible.

Est-ce un cliché que d’associer cette notion au Marocain ?
L’hospitalité touristique est «le jugement des touristes concernant les rencontres dans une destination où ils se considèrent comme étrangers» (dixit Cinotti, enseignant et chercheur, ndlr) : cette définition nous apprend que l’hospitalité s’emploie aujourd’hui médiatiquement et politiquement pour encourager le tourisme dans une société donnée. Une transaction d’hospitalité répond à des besoins basiques physiologiques, économiques, sociaux ou politiques, mais l’interaction hospitalière est la reconnaissance de l’autre. Donc oui, la notion d’hospitalité est un cliché économiquement et politiquement parlant associé au Marocain. Dans cette vision se côtoient une hospitalité publique via les institutions touristiques, une hospitalité privée via les résidents et une hospitalité commerciale via les professionnels du tourisme.

Qu’est-ce qui fait qu’on nous attribue cette qualité ?
Il faut avant tout différencier l’aspect humain de l’aspect mercantile de l’hospitalité. À l’origine, le terme désigne l’hébergement gratuit et l’attitude charitable qui correspond à l’accueil d’indigents, de voyageurs chez soi ou dans les hospices et hôpitaux.
Dans l’hospitalité, l’esprit du donneur (même sa présence physique) est une partie du don. Accueillir l’étranger dans sa demeure et lui offrir avec générosité l’abri et le couvert s’est fortement atténué au Maroc. Dans notre société contemporaine, l’hospitalité se rattache de manière croissante au domaine marchand. Les formes modernes de tourisme gomment les relations d’hospitalité pour y substituer des échanges monétaires. Un grand nombre d’entreprises misent sur cette hospitalité pour vendre leurs produits, leur image. Et sachant que le tourisme au Maroc devient de plus en plus à caractère rural, il fallait ancrer dans les esprits cette représentation de l’hospitalité.

L’hospitalité marocaine a-t-elle évolué avec le temps ?
L’hospitalité est un objet conceptuel dont les racines remontent loin dans l’histoire. Est-ce que l’hospitalité se perd ? Jadis, c’était une obligation religieuse, un aspect de solidarité : la nourriture, la boisson, un abri et une animation sociale, étaient les éléments centraux de la relation d’hospitalité sur laquelle se greffe une expérience communautaire et émotionnelle. Bien que la représentation de l’hospitalité soit, encore aujourd’hui, partagée et enjeu de maîtrise intra et intergroupes, elle devient de plus en plus soit une affaire privée, soit un devoir que les États tendent de prendre en charge. L’hospitalité a en réalité une dimension marchande très forte et repose sur un principe fondamental : la réciprocité. Pourtant, les systèmes de solidarité internationaux, l’aide sociale et l’accueil étatique ne remplaceront jamais l’hospitalité directe, qui émane des individus.


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